Les personnes en situation de handicap sont les plus vulnérables en cas de catastrophe. Pourquoi?

Une personne sur sept dans le monde vit avec un handicap. Lors de catastrophes, les services vitaux et les voies d'accès sont souvent bloqués. Le handicap rend impossible le franchissement de ces barrières. Le risque de subir des dommages est plus élevé. Ainsi, une alarme sonore ne sert à rien à une personne sourde, qui ne pourra probablement pas se mettre à l'abri à temps. De nombreuses personnes en situation de handicap vivent également dans une grande pauvreté. Il leur est plus difficile de se remettre d'un ouragan ou d'une inondation.

Malgré cela, l'aide humanitaire reste largement inaccessible à ces personnes dans le monde entier. Elles sont souvent exclues de la planification, des décisions et de la mise en œuvre. Outre les systèmes d'alerte inaccessibles, les structures de protection, les voies d'évacuation et les véhicules ne sont pas non plus accessibles. À cela s'ajoutent le manque de moyens de communication tels que la langue des signes, le manque d'assistants, les préjugés ou le fait que les acteurs humanitaires ne tiennent compte de l'inclusion ni dans leur stratégie ni dans leur budget.

En quoi se distingue l’aide humanitaire de CBM?

Nous accordons une importance primordiale aux droits et au rôle essentiel des personnes en situation de handicap. Elles ont les mêmes droits et leurs propres talents. Nous collaborons étroitement avec leurs associations d’autoreprésentation. L’aide humanitaire de CBM est ainsi inclusive et atteint les personnes les plus vulnérables. Outre l'aide d'urgence, elles reçoivent également, dans le respect de leur dignité, ce dont elles ont besoin de toute urgence, comme des soins médicaux et thérapeutiques, des moyens d'aide et de transport.

Nos connaissances sont issues de la pratique locale et d'une confiance établie au fil des ans. Nous les partageons en permanence avec d'autres organisations afin que leur aide humanitaire devienne également inclusive. Aux côtés des organisations de personnes atteintes de handicaps, nous changeons également les mentalités: ces personnes ne sont pas seulement des bénéficiaires d’aide, elles contribuent également (à condition d’être intégrées de manière égale) au bien-être de tous, en assumant parfois même un rôle de premier plan.

CBM implique les groupes d’entraide. Pourquoi?

Les personnes en situation de handicap savent surmonter les obstacles. Ils permettent de réaliser des analyses de risques ainsi que des plans de prévention et d’aide d’urgence adaptés aux spécificités locales. Ils savent où vivent les personnes en situation de handicap et ce qu’il leur faut. De plus, les groupes d'entraide pour les personnes atteintes de handicaps apportent un soutien social, travaillent en réseau avec des groupes de femmes et des associations de jeunes, et favorisent ainsi la cohésion sociale.

Lors du cyclone Remal qui a frappé la région de Khulna au Bangladesh en 2024, les associations d'entraide ont veillé à ce que toutes les personnes atteintes de handicaps soient évacuées et reçoivent des aides financières directes. En aidant également d'autres familles défavorisées, elles ont gagné le respect de l'ensemble de la population. Aujourd'hui, deux délégués des groupes d'entraide sont des membres engagés du comité national pour la prévention des catastrophes.

Pourquoi les paiements directs se sont-ils avérés efficaces après les catastrophes?

Une famille choisit elle-même comment utiliser l'argent. Elle peut ainsi se procurer exactement ce dont elle a besoin de toute urgence, qu'il s'agisse de médicaments, d'équipements, de nourriture, d'eau potable, d'articles d'hygiène, de couvertures ou de vêtements. Les paiements directs préservent ainsi la dignité des personnes touchées.

De plus, comme il n'est pas nécessaire d'acheter, de rassembler et de transporter des produits, les paiements directs permettent d'éviter des frais supplémentaires. Au contraire, ils renforcent le marché local. Ce n'est que dans des cas isolés, lorsque le marché local s'est effondré, que les paiements directs ne sont pas adaptés.

L'argent est généralement transféré par voie numérique sur un smartphone, par exemple dans des kiosques accessibles à tous. Une personne en situation de handicap n'a donc pas besoin de se rendre d'abord à un guichet situé dans un bâtiment éventuellement endommagé et inaccessible.

Comment la CBM favorise-t-elle des moyens de subsistance résistants aux crises?

Elle procède par étapes. Les personnes atteintes de handicaps et autres personnes particulièrement vulnérables reçoivent de petites sommes d'argent, parfois du petit bétail ou des biens matériels, des cours, un accompagnement consultatif ainsi que l'accès à des groupes d'épargne et à des microcrédits. La CBM aide également les personnes en situation de handicap en leur fournissant des aides techniques, des thérapies et des informations accessibles. L'objectif est de rendre les familles économiquement résilientes et indépendantes de l'aide extérieure.

Dans le district de Turkana, au nord-ouest du Kenya, la CBM a ainsi aidé 800 familles à faire face aux sécheresses sévères. En collaboration avec un groupe d'entraide et l'association des bergers de Turkana, elle a analysé les obstacles qui empêchent les habitants de mener une vie stable. Les personnes atteintes de handicaps ont été accompagnées dans la création d'autres groupes d'entraide. Elles ont bénéficié de possibilités de revenus, de services de santé, d'aides techniques et d'une carte d'invalidité délivrée par l'État, qui leur donne droit à des prestations sociales.

Pourquoi les réseaux sont-ils importants?

Faire cavalier seul ne serait pas judicieux. On évite les redondances en se coordonnant avec les autorités et les acteurs privés. Les financements de plus en plus limités de la coopération au développement sont donc utilisés de manière optimale, et l’aide devient plus ciblée, plus durable. Davantage de personnes en bénéficient, et l’échange d’expériences permet de l’améliorer sans cesse.

Les populations pauvres sont plus durement touchées par le changement climatique. Comment la CBM s'adapte-t-elle à cette situation?

En collaboration avec les personnes atteintes de handicaps, nous assurons tout d'abord la prévention des catastrophes: compréhension et identification des risques sur place, mise en place de systèmes d'alerte précoce accessibles et entraînement aux situations d'urgence. Deuxièmement, nous encourageons les moyens de subsistance résistants aux crises. Par exemple, nous enseignons aux petits agriculteurs des méthodes de culture plus résistantes aux conditions météorologiques extrêmes. Troisièmement, nous conseillons les organisations d'auto-représentation et les acteurs humanitaires sur la meilleure façon de procéder en cas de catastrophe afin de ne pas laisser pour compte les personnes en situation de handicap et autres personnes particulièrement vulnérables. Elles doivent être localisées et évacuées en toute sécurité, atteindre les abris et recevoir l'aide d'urgence dont elles ont besoin.

Qu’est-ce qui vous motive dans votre travail?

Le courage, la détermination et la résilience des personnes en situation de handicap et de nos partenaires locaux! Je puise mon espoir dans la certitude que notre travail a un impact durable: des groupes d'entraide composés de personnes handicapées réalisent une analyse des risques pour leur village, des personnes en situation de handicap s'engagent dans le comité local de protection civile. Ainsi, les communautés ne font pas que survivre, elles se transforment et deviennent de plus en plus inclusives, ce qui profite à tous.

Vous aussi, chères donatrices et chers donateurs, vous m'encouragez. Par votre confiance et votre générosité, vous vous engagez en faveur d'un monde plus inclusif et plus juste. Grâce à vous, nous pouvons venir en aide à des personnes souvent oubliées. Merci beaucoup de nous accompagner afin que chaque être humain puisse vivre dans la dignité et l'espoir. Vous contribuez à chaque réussite!